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Juridique

Protéger une invention grâce aux 3 critères clés à retenir

Un brevet n’a jamais protégé une idée, mais bien une invention réelle, tangible, née d’un chemin semé d’embûches et d’expérimentations. Après avoir franchi la ligne d’arrivée de la mise au point, la vigilance s’impose : sans protection adaptée, une invention peut très vite devenir la proie des imitateurs. Trois exigences dominent le jeu de la propriété intellectuelle : nouveauté, inventivité, application industrielle. Si l’une fait défaut, la porte du monopole se referme. Préserver le fruit de son travail passe donc par la maîtrise de ces trois piliers.

Comprendre les différents types de protection

Les voies pour défendre une invention sont multiples, chacune avec ses règles et ses avantages. Le brevet accorde une exclusivité de 20 ans, à condition de franchir un parcours d’examen minutieux. Plus accessible, le certificat d’utilité protège durant 10 ans, allégeant la procédure pour l’inventeur pressé ou pragmatique. Pour déposer en France, l’INPI reçoit les dossiers ; à l’échelle européenne, l’Office Européen des Brevets (OEB) prend le relais.

Il existe aussi d’autres outils selon la nature de l’innovation :

  • Le secret industriel : privilégier la discrétion, garder confidentielles des formules, procédés ou méthodes sans publication officielle.
  • Le droit d’auteur : adapté aux créations originales, il reste limité pour les inventions purement techniques.
  • Les marques : elles servent à protéger l’identité visuelle ou verbale d’un produit ou d’un service.
  • Les dessins et modèles : l’apparence d’un objet peut aussi être réservée à son créateur.

Le monopole conféré par le brevet interdit toute copie ou exploitation sans accord du titulaire, alors que le certificat d’utilité offre une couverture similaire, mais sur une période plus courte et avec des critères d’obtention moins stricts. Miser sur le secret industriel reste une stratégie pour éviter de dévoiler publiquement une innovation, notamment dans des secteurs où la discrétion prime.

Chaque dispositif répond à des enjeux différents. Choisir la meilleure stratégie suppose de bien cerner la nature de l’invention et la vision commerciale de l’entreprise. Face à la technicité du droit de la propriété intellectuelle, le recours à un avocat spécialisé permet souvent d’éviter les chausse-trappes et d’optimiser les démarches.

Les critères de nouveauté

Impossible d’obtenir un brevet ou un certificat d’utilité sans passer l’obstacle de la nouveauté. Pour être protégée, une invention doit être absente de l’état de la technique antérieur à la date de dépôt. Cette notion englobe tout ce qui a déjà été rendu public, peu importe le support ou la langue.

Pour s’assurer que l’idée n’a pas déjà été déposée, un rapport de recherche d’antériorité est systématique pour les brevets, mais pas pour les certificats d’utilité. Réalisé par l’INPI ou l’OEB, il examine l’ensemble des documents connus avant le dépôt.

La plateforme Espacenet s’impose comme un allié incontournable pour mener une recherche d’antériorité. Elle permet de consulter des millions de brevets déposés à travers le monde, et de repérer d’éventuels doublons ou risques de conflit. Prendre le temps d’y vérifier la nouveauté de son invention, c’est s’éviter de mauvaises surprises lors de la procédure.

Pour mettre toutes les chances de votre côté, voici les étapes à suivre :

  • Réaliser une recherche d’antériorité approfondie sur Espacenet.
  • Déposer la demande de brevet ou de certificat d’utilité en bonne et due forme.
  • Analyser attentivement le rapport de recherche d’antériorité pour la demande de brevet.

Respecter ces étapes renforce la solidité de votre dossier et protège véritablement votre invention contre la concurrence.

L’inventivité : un critère clé

La créativité technique ne suffit pas : il faut que l’invention ne saute pas aux yeux d’un spécialiste du domaine. Ce critère d’activité inventive conditionne la délivrance d’un brevet. L’invention doit apporter une réponse nouvelle et non évidente pour un homme du métier, par rapport à ce qui existe déjà.

Depuis la loi PACTE de 2019, l’examen de ce critère s’est durci. L’INPI et l’OEB traquent désormais les inventions qui ne présentent pas une avancée technique sérieuse, écartant les dépôts opportunistes. L’analyse s’appuie sur une comparaison objective avec l’état de la technique connu.

Pour évaluer la dimension inventive de votre projet, il est recommandé de :

  • Comparer l’invention à toutes les solutions existantes dans le secteur concerné.
  • Repérer les innovations techniques concrètes qui distinguent votre invention.
  • Décrire précisément ces nouveautés et leur impact dans votre dossier de demande de brevet.

Ce travail de fond, souvent exigeant, reste déterminant pour décrocher la protection recherchée et maintenir un avantage sur la concurrence.

protection invention

L’application industrielle

Impossible d’obtenir un brevet si l’invention ne peut pas être fabriquée ou utilisée concrètement. L’application industrielle exige que l’idée soit transposable dans un environnement productif. Il s’agit d’apporter une solution technique à un problème réel, avec une utilité claire.

Ce critère se manifeste de plusieurs façons :

  • La possibilité de produire l’invention à plus grande échelle.
  • Une utilisation concrète au sein d’un secteur industriel identifié.
  • Un potentiel commercial réel, avec une exploitation envisageable du produit ou du procédé.

Une invention théorique ou impossible à mettre en œuvre ne pourra pas prétendre à la protection du brevet. L’INPI et l’OEB vérifient systématiquement cette dimension lors de l’étude des demandes.

Penser à l’utilité commerciale de l’innovation est tout aussi stratégique : une invention dotée d’une application industrielle offre à son titulaire un monopole d’exploitation. Cela revient à verrouiller le marché, du moins pour la durée de la protection, et à garder la main sur la production, l’utilisation ou la vente.

Défendre une innovation, c’est jouer sur la démonstration de son usage réel. Plus la demande de brevet met en avant l’application concrète de l’invention, meilleures sont les chances de la voir protégée. Au bout du compte, l’avenir de votre invention dépendra autant de la stratégie de protection choisie que de votre capacité à prouver sa nouveauté, son inventivité et son utilité industrielle. Et c’est bien là que se joue la différence entre une idée brillante et une innovation durable.

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